Pourquoi remplacer les outils numériques des GAFAM par des outils open source dans les collectivités ?
Les grandes plateformes numériques des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont aujourd'hui omniprésentes dans les administrations publiques. Leur facilité d'utilisation, leur gratuité apparente et leur intégration dans les usages ont favorisé leur adoption rapide dans les collectivités. Pourtant, cette dépendance pose de nombreuses questions stratégiques et éthiques.
L'un des premiers enjeux est celui de la souveraineté numérique. En utilisant des services hébergés sur des serveurs à l'étranger, souvent soumis au droit américain (notamment au Cloud Act), les collectivités mettent potentiellement en péril la confidentialité des données des citoyens. Cette situation est d’autant plus préoccupante quand il s’agit de données sensibles liées à la santé, à l’éducation ou à l’action sociale.
En outre, les modèles économiques des GAFAM reposent souvent sur la collecte massive de données à des fins publicitaires ou commerciales. Bien que les versions « professionnelles » de certains services soient plus respectueuses, il subsiste une opacité sur le traitement des données. Cette logique entre en contradiction avec les missions de service public et les exigences de transparence portées par les collectivités.
Les logiciels libres et open source offrent une alternative crédible et durable pour les collectivités souhaitant reprendre le contrôle sur leurs outils numériques. Ils permettent une plus grande transparence dans le fonctionnement des applications, et une vérification possible par la communauté du respect de la vie privée.
L’open source favorise également l’interopérabilité et évite l’enfermement dans des écosystèmes fermés. Les collectivités peuvent ainsi s’adapter à leurs besoins spécifiques, faire évoluer les outils ou les connecter à d’autres systèmes existants. Cela favorise une approche modulaire et évolutive des systèmes d'information.
Autre atout non négligeable : la mutualisation. En choisissant un logiciel libre, une collectivité peut bénéficier des développements réalisés par d'autres acteurs publics, ou contribuer elle-même à l'amélioration d’un outil utilisé à l’échelle nationale. C’est un levier fort de coopération entre territoires et de réduction des coûts à long terme.
Passer aux outils open source ne se limite pas à un simple changement technique. Il s’agit aussi d’un changement culturel, qui implique de repenser les usages numériques dans les services. Cette transition nécessite un accompagnement des agents, une formation adéquate et une communication claire sur les objectifs poursuivis.
Il est également important d’impliquer les utilisateurs dès le début du processus : en choisissant les outils, en testant les interfaces, en remontant les besoins du terrain. Cela permet une meilleure appropriation et augmente les chances de réussite du changement.
Enfin, cette démarche s’inscrit dans une logique plus large de transition numérique responsable. En adoptant des logiciels éthiques, durables, et respectueux des libertés, les collectivités peuvent jouer un rôle moteur dans la construction d’un numérique au service de l’intérêt général.
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